En bref


L'anthropologie de la danse étudie les mouvements dansés comme phénomènes culturels et sociaux, révélateurs des structures et significations d'une société. Cette discipline scientifique analyse la danse comme un fait social total, englobant des dimensions esthétiques, symboliques et culturelles.


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Comment fonctionne la recherche en anthropologie de la danse ?

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Présentation


1. Définition


L’anthropologie de la danse est la branche de l’anthropologie qui étudie la danse en tant que phénomène culturel et social. Elle considère la danse non pas comme un simple divertissement ou art isolé, mais comme une pratique porteuse de sens pour une communauté.

Du point de vue anthropologique, la notion de « danse » n’est pas universelle : de nombreuses sociétés à travers le monde n’ont pas de terme équivalent, ou ne dissocient pas la danse d’autres activités ritualisées. Il a donc fallu du temps pour que la danse soit reconnue comme un objet légitime de recherche scientifique.

Aujourd’hui, l’anthropologie de la danse s’intéresse avant tout à analyser les systèmes de mouvements humains dans leur contexte, c’est-à-dire les séquences de gestes, postures et déplacements qui forment une danse, en les replaçant dans le cadre culturel qui leur donne sens. En somme, elle étudie la danse comme un fait social total, englobant des dimensions esthétiques, symboliques, identitaires, religieuses ou politiques de la vie en société.

2. Histoire de la discipline


L’intérêt scientifique pour la danse a évolué progressivement.

Aux origines, aux XIXe et début XXe siècles, les ethnographes et voyageurs décrivent souvent des danses lors de cérémonies ou de rituels dans les cultures qu’ils observent, mais ces descriptions restent généralement anecdotiques. La danse n’est pas encore analysée en profondeur, souvent considérée comme secondaire par rapport à la langue, la religion ou l’organisation sociale.

Milieu du XXe siècle : Ce n’est véritablement qu’à partir des années 1950-1960 que la danse commence à être étudiée de façon formelle et comparative. L’influence de nouvelles théories (notamment structurales et linguistiques) offre des outils pour décrire et comparer les mouvements dansés. Ainsi, pour la première fois, des chercheurs conçoivent des méthodes systématiques afin de noter et analyser les pas, les gestes et la chorégraphie, ce qui permet des comparaisons entre danses issues de cultures différentes.

Par exemple, des pionniers comme l’Américaine Gertrude Prokosch Kurath développent l’ethnographie de la danse (cf C’est quoi l’étude éthnographique ?) ****dans les années 1950 en décrivant en détail les danses des peuples autochtones (Iroquois, Pueblos, etc.), tandis qu’en Europe de l’Est émerge l’ethnochoréologie (étude ethnologique de la danse).

Fin XXe siècle : L’anthropologie de la danse gagne en légitimité académique. Aux États-Unis, une génération d’anthropologues reconnaît pleinement l’intérêt de la danse comme objet d’étude. Des chercheurs formés en anthropologie et parfois danseurs eux-mêmes (tels que Katherine Dunham ou Joann Keali’inohomoku) plaident pour intégrer l’analyse de toutes les formes de danse, y compris le ballet occidental, dans une perspective culturelle. En France et en Europe, la discipline se structure dans les années 1980 : création de revues spécialisées, séminaires de recherche et ouvrages collectifs.

Par exemple, l’ouvrage Anthropologie de la danse : genèse et construction d’une discipline (dirigé par Andrée Grau et Georgiana Wierre-Gore, 2005) rassemble des textes fondateurs et témoigne de la consolidation du champ. Ces développements historiques montrent que l’approche anthropologique est désormais appliquée à toutes les danses, des plus traditionnelles aux plus contemporaines, avec l’idée que chaque danse peut révéler quelque chose d’une culture ou d’une société.

3. Méthodes de recherche en anthropologie de la danse


Comme toute recherche anthropologique, l’étude de la danse s’appuie sur des méthodes qualitatives, adaptatives au terrain, mettant l’accent sur l’observation directe et la compréhension du point de vue des participants. Voici quelques-unes des méthodes principales utilisées :